Lettre d'information de la CNT en région parisienne
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Ouverture du JT de TF1, sujet sur les “casseurs” et la police. Derrière le présentateur, une photo avec un drapeau CNT. Si seulement ce grossier montage n’était qu’un cas isolé... Depuis le début du mouvement social sur la loi travail, comme lors de chaque lutte, les “grands” médias ne cessent de pointer du doigt les “casseurs”, évitant d’aborder les questions de fond : le contenu de la loi travail et les raisons de ce mouvement. En agissant ainsi, ils se comportent comme un relais du discours gouvernemental et patronal : “Notre loi est nécessaire, tous ceux qui la combattent sont d’infâmes casseurs.” Ou bien : “La population est prise en otage par les grévistes.” Ah bon ? Une analyse s’impose, pour remettre les pendules à l’heure.
La CNT, c’est quoi ?
La CNT est un syndicat où s’organisent les travailleurs, au sens large (salariés, chômeurs, précaires, retraités, étudiants et lycéens). Un travailleur est un producteur qui ne possède pas les moyens de production. Donc ça n’est ni un patron ni un actionnaire, qui tirent leurs revenus du travail des autres.
à la CNT, il n’y a pas de permanent syndical. Personne ne reçoit de salaire pour militer. Et nous n’avons ni chef ni bureaucratie, car nous refusons toute hiérarchie entre militants.
Tout ce que nous faisons, nous le faisons pour l’émancipation des travailleurs. Nous n’acceptons aucune subvention de l’état et des patrons, pour garantir notre indépendance et notre liberté d’action. Nous ne fonctionnons qu’avec les cotisations de nos adhérents.
Nous sommes anarcho-syndicalistes et syndicalistes révolutionnaires. Nos bases sont la lutte des classes et le communisme libertaire. Nous sommes pour l’abolition de l’état, en tant que bras armé du patronat. C’est pourquoi nous ne syndiquons pas leurs forces répressives (police, armée, vigiles, etc.). Enfin, nous sommes une organisation horizontale et autogestionnaire. Tous les mandats sont tournants et révocables. Chacun participe au fonctionnement et aux prises de décision au niveau local, régional, fédéral et confédéral. Nous sommes tout cela, mais nous ne sommes pas des “casseurs”, au sens où certains aimeraient le faire croire.
Un casseur, c’est quoi ?
Il est légitime de s’interroger sur le véritable sens de ce terme, matraqué à longueur de journée à la télé ou dans les journaux. Qui sont les vrais casseurs ? Ne serait-ce pas plutôt les patrons, l’État et leur bras armé, la police ?
Qui casse le code du travail et met des millions de gens au chômage ou dans la précarité ?
Où est la véritable “insécurité” ? N’est-elle pas sociale ?
Qui nous met en “danger”, exerçant sur nous une violence sociale profonde et durable ?
Qui détruit notre présent et massacre notre avenir ?
Où est le véritable “état d’urgence” ? N’est-il pas social ?
Qui saccage des outils syndicaux (local CNT à Lille, camionnette de Solidaires, etc.) ?
Qui veut mettre des syndicalistes derrière des barreaux ?
Qui frappe des mineurs et les jette en prison ?
Qui contrôle au faciès et discrimine les populations des quartiers populaires ?
Qui instaure des politiques toujours plus répressives (Patriot Act aux États-Unis, état d’urgence et loi Urvoas en France) ?
Qui exerce une justice de classe défendant les
intérêts d’une minorité au détriment des travailleurs, des pauvres, des migrants ?
Qui nous ment afin de recueillir des voix puis trahit les promesses qui ont été faites ?
Qui vole des milliards sous la forme d’exonérations et d’évasions fiscales ?
Qui attaque les prestations sociales, rendant leurs bénéficiaires “coupables” de tous les maux de la société ?
Qui pille et tue en menant des guerres dites “propres” mais toujours aussi sales, puis refoule des migrants qui n’ont d’autre choix que de s’enfuir ?
Qui s’empare des ressources de la planète et s’accapare les territoires à tel point que la survie des espèces humaines, animales et végétales n’est plus garantie ?
Les vrais casseurs, ce sont eux !
Pour mieux régner, il faut diviser : l’État et ses forces répressives laissent entendre que les “méchants” sont certains syndicats, organisations politiques ou individus. Il s’agit surtout de provoquer des violences et de ternir “l’image” du mouvement social en attirant l’attention sur les “casseurs”, alors que ce sont eux qui cassent à tour de bras. Il s’agit aussi de justifier la violence des forces répressives.
La stratégie ? Présence policière massive lors des manifs, opérations au cœur des cortèges, matraquage des lycéens à l’entrée des établissements, évacuation des universités, etc. Et comme par hasard, quand il n’y a pas de “forces de l’ordre” aux abords des manifestations, tout se passe bien...
D’ailleurs, à quoi s’attaquent ces prétendus “casseurs” ? à des banques, des publicités, des enseignes de grandes entreprises. Ces multinationales n’ont-elles donc pas les moyens de s’acheter des rideaux pour protéger leurs vitrines plutôt que de spéculer sur les marchés (Panama Papers), provoquer des crises économiques (subprimes en 2007), détruire des millions de vies ? Ce que l’état défend physiquement, légalement et politiquement, c’est bien le capital.
Quant aux attaques physiques, elles sont exercées par l’armée et la police : Flash-Ball, grenades, matraques et lacrymos utilisés sans discernement, tirs tendus sur des manifestants ou sur des journalistes pour les empêcher de filmer. Mais aucun chiffre sur les victimes des violences policières. Les médias officiels ne prendraient-ils leurs infos qu’à la préfecture ? En invitant sur leurs plateaux télé des “experts” issus de syndicats de police comme Alliance, de tendance droite dure ? Tout est affaire de communication et de mensonges.
Mais nous ne sommes pas dupes et ne tomberons dans aucun de ces pièges grossiers !
Les vrais casseurs sont ceux qui utilisent la force brute et destructrice pour arriver à leurs fins, y compris sur des mineurs et des enfants, ceux qui imposent l’esclavage salarié au quotidien pour faire du profit. Puis se servent des moyens de communication “modernes”, possédés en majorité par de riches industriels, pour faire oublier la réalité : la violence ne vient pas de nous, le camp du travail, qui sommes des milliards, mais d’eux, le camp du capital, qui sont si peu mais qui possèdent tout et veulent nous exploiter encore plus !
Aucune de leurs manipulations ne nous fera reculer. Notre détermination et notre solidarité sont sans faille.