Ronds verts, pensée brune
Les adeptes du Conseil national de transition, des idiots utiles d’une pensée d’extrême droite.
D’où sortent ces rondelles vert pomme, sans texte, sur les ronds points, à l’arrière de véhicules, aperçus depuis le printemps dernier ? D’un groupuscule qui s’est appelé Démosophes en 2015 et se prétend depuis le gouvernement légitime de la France Libre, autoproclamé « Conseil national de transition », alias CNT (ou parfois CNTF), doté d’une « Cour suprême du peuple » et dont le maître à penser s’appelle Eric Fiorile.
On pourrait voir ça comme un sketch outrancier, un peu ridicule, si on ne percevait pas l’obsession autoritaire et la tentation fasciste, avec ses appels répétés « aux forces armées et aux forces de l’ordre restées fidèles à la nation et non corrompus », en leur demandant carrément de « sortir leurs armes pour protéger le peuple »... Pour les attirer dans leur groupuscule, les appels agitent le sentiment de mépris que vivraient ces flics, tant par la population que par les juges. Tout le monde déteste la police, sauf des démosophes fioriliens. Sur leur site, ils demandent en permanence aux forces de l’ordre de rallier le groupe, avec photo d’un flic d’une compagnie d’intervention, les petits soldats de la répression la plus féroce avec la Bac.
Si le coup d’État prévu le 14 juillet 2015 qui devait occuper l’Élysée avec l’appui de l’armée a pitoyablement buté sur l’arrestation de 300 militants à Paris, le soutien escompté de militaires, supposés rejoindre les insurgés, n’a manifestement pas fonctionné. En mai 2018, Eric Fiorile annonce l’arrestation de Macron et de 4000 politiciens, et la suspension des procureurs et préfets. Motif : crime contre l’humanité en l’occurrence les 11 vaccins obligatoires pour les enfants. La vidéo solennelle tourne toujours.
Le 6 décembre 2020, nouvelle lubie du CNT fiorilien, demander aux chasseurs de fournir leurs fusils pour la cause : « Chasseurs, si vous ne participez pas directement, offrez votre matériel ! ». L’appel « dernière chance » est programmé vendredi 18 décembre, pour converger vers Paris et « imposer notre loi des 99% sur les 1% », avec un « ordre de réquisition nationale de bus, autocars voitures et engins agricoles », sous la protection de la « NéoPol », milice maison mixant policiers, gendarmes et militaires ralliés au groupuscule ainsi que les adeptes s’étant proposés. Tout ça pour éviter que des prétendues brigades armées de vaccination forcent les gens, ou les envoient dans des « camps de concentrations » pour les exterminer. Carrément.
Dans ses écrits, Fiorile, qui se dit parfois « président du peuple français » conseille d’aller chercher la vérité dans une « presse libre » d’extrême droite : Cercle des volontaires, Réseau Voltaire...
Les produits d’appel sont simplistes : défiance envers la 5G (qui pourrait activer la malaria et le VIH dont l’ADN est présent dans le virus SARS-COV2), envers les masques, les tests, la vaccination (qui placerait une puce RFID dans le corps), les pesticides, les OGM, Linky, les tirs de LBD dans les yeux... Une stratégie attrape-tout qui flatte l’idée floue du « peuple » et la défense du Bien contre le Mal...
Mais de programme politique, rien. Zéro. Ce fatras d’idées confuses et d’affirmations décousues évoque le refus des politiciens, une fixation sur les Illuminati et les viols d’enfants (y compris par des animaux...), les chemtrails, dénonce la pédophilie et le satanisme dans les plus hautes instances, les médias et la politique noyautés par la franc-maçonnerie, la gendarmerie et la police infiltrées par des tueurs...
En 2015, on les repérés à Nantes tenter d’infiltrer des collectifs naissants. La même année, ces démosophes se sont fait passer pour les Anonymous pour appel à leur coup d’État raté. Face à ces néfastes qui reviennent masqués, qui jouent à l’occasion de l’ambiguïté de leur acronyme avec la CNT anarchosyndicaliste, et sans trop s’arrêter à leurs élucubrations invraisemblables, on doit souligner leurs tendances générales à glisser ou à s’ancrer à l’extrême droite, ce qui nous amènent à leur opposer des réflexes antifascistes.