Staf cnt

faites de l’autogestion, Quimper 2014

Éducation, agriculture, coopératives, travail et salariat ont été débattus à cette foire de l’autogestion de Quimper.

La première foire à l’autogestion de Quimper s’est tenue samedi samedi 7 juin 2014 sur l’esplanade François Mitterrand. Elle était organisée par le STAF-CNT 29 avec la coopération de nombreuses organisations (*) qui ont tenu des tables de presse, des stands et animé les discussions, un marché prix libre et un atelier d’autoréparation de vélos.

Le STAF-CNT 29, bien qu’à l’origine de la manifestation, tenait à ce que toutes les énergies concernées par l’autogestion s’investissent dans ce projet. Des réunions préparatoires ont permis d’établir un programme s’articulant autour de 4 pôles : des tables rondes, des tables de presse, des animations musicales et une buvette-restauration. Il est à préciser que tous les acteurs étaient originaires de la région.
Rendez-vous fut pris ce samedi à l’aube afin d’installer tout le matériel pour cette première expérience.
L’ambition de cette foire était de faire découvrir à un maximum de personnes l’autogestion d’où le choix d’où le choix d’un espace public placé entre médiathèque, musée, théâtre et parking.
Précisons que tout au long de cette journée ensoleillée c’est la bonne humeur qui a prévalu et que tous les acteurs ont été partie prenante à un niveau ou à un autre de cette fête qui n’a pas pour autant perdu de vue l’essentiel : débattre, échanger, s’opposer, découvrir, mettre en commun, communiquer autour de thèmes liés à l’autogestion. Ainsi les tables rondes ont eu pour sujets :
– Autogestion et éducation avec des élèves et des profs du lycée autogéré de St-Nazaire et un un ancien instituteur ayant pratiqué la pédagogie coopérative.
– Autogestion et agriculture avec bien sûr des agriculteurs et des représentants de la WhouAMAP (cf les Temps Maudits n°27 d’octobre 2008)
– Le fonctionnement des SCOPs avec en fil rouge le témoignage d’un associé salarié de la brasserie Tri Martolod de Concarneau.
– Travail et salariat autour d’une conférence gesticulée et avec la participation des adhérents d’AC et du Réseau Salariat.
La richesse des débats, la disponibilité de chacun dans la tenue d’un stand ou d’une table de presse, la mise en place du matériel, la préparation des repas et son service, la qualité des 4 groupes musicaux qui se sont produits (les SCOTCHES, l’ALERTE ROUGE, DIHUNNER , BUTOR SPANK) ont profondément marqué cette journée qui de l’avis de tous s’est agréablement déroulée.
Il est à préciser que la buvette et la restauration délivraient des produits de qualité (bière fournie par TRI-Martolod et aliments venant des producteurs de la WhouAMAP : merci à eux tous) et à prix coûtant à la grande surprise de beaucoup de visiteurs. Le STAF-CNT 29 n’avait pas pour ambition de faire des bénéfices et encore moins d’organiser un « voyage d’étude » avec l’argent récolté. Blague à part, une caisse de participation volontaire nous a permis d’équilibrer les comptes.
Cette journée dont il est difficile de préciser combien de personnes elle a attiré (selon les syndicats ?, selon la police ? ) a surtout été l’occasion de réunir pour un temps des groupes, des organisations, des personnes dont, parfois, l’isolement pouvait amener à penser qu’ils sont bien peu à défendre leurs idées. La réussite de cette 1° foire quimpéroise (un peu d’auto-satisfaction ne peut pas faire de mal) leur a démontré le contraire.
Cette expérience n’était que la 3° de ce genre à se tenir en France (après les foires de Montreuil et Toulouse et juste avant une 4° à St Jean du Gard).
Rendez-vous est pris l’an prochain pour une 2° Foire à l’autogestion en Cormouaille.
(*) le CRABES, la Fédération Anarchiste, les Alternatifs, AC, Alternative Libertaire, la WhouAMAP, le CRADE, le collectif Notre Dame des Landes, la CNT29, Enercop, réseau Salariat, la Digitale, P. Coutant, Atelier de Création Libertaire, Gast.
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« Abolir l’emploi »
Dans le cadre d’une conférence gesticulée une ancienne employée de pôle emploi tire un bilan fort critique de son expérience professionnelle. Au nom de l’emploi à tout prix elle fut amenée à verser des millions d’euros à des employeurs sous forme de subventions ou d’exonérations de cotisations sociales. Cela l’amène à remettre en question, l’idée même d’emploi. Est-on obligé d’avoir un emploi pour vivre ? Si oui alors tout est subordonné à une embauche d’un chômeur à n’importe quel prix, dans n’importe quelle condition : faible salaire, temps partiel, exploitation, aliénation. Elle découvre alors avec enthousiasme les thèses de l’économiste Bernard Friot qui réfute la confusion habituelle entre emploi et travail et revendique le droit à un salaire à vie. La conférence s’est prolongée par un débat animé.

« Autogestion et éducation »
Une cinquantaine de personnes s’est réunie autour de cette vaste et un peu vague thématique.
Rapidement, l’intervention de lycéens et de membres de l’équipe éducative du lycée expérimental de Saint-Nazaire plante le décor et lance le débat. Qu’est-ce que le savoir ? Qu’est-ce qu’un lycée ? Qu’est-ce qu’un élève ? Qu’est-ce qu’un prof ? Et le pouvoir dans tout ça ?
Ça s’agite dans les gradins. On sent bien que l’école-usine de reproduction sociale n’a pas la cote parmi les lycéens, étudiants, parents, profs et anciens élèves réunis ici. On dirait même qu’ils n’en veulent plus de « l’école de Jules Ferry » ravalée au nuancier libéral.
Alors ils imaginent. Et si on généralisait l’expérience de Saint-Nazaire ? Et si l’école émancipait les enfants ? Et si les profs n’étaient plus infantilisés par l’institution ? Et si … Là, un instit coopérateur en rajoute : enseigner autrement, dans un cadre coopératif et émancipateur, c’est possible. Il l’a d’ailleurs fait pendant 30 ans et pas loin d’ici en plus !
Et si les enseignants étaient formés aux méthodes et principes des pédagogies actives ?
Le concert de rap débute à côté et il devient difficile de poursuivre le débat en groupe. Les discussions se poursuivent alors à deux ou trois puis on se sépare, ragaillardis. Rassurés de ne plus être seuls. Pressés d’entonner de nouvelles luttes.

« Autogestion et agriculture »
La restauration étant assurée par la WhouAmap, il nous était tout à fait naturel d’inclure l’agriculture dans les débats programmés. Une quinzaine de participants (producteurs et mangeurs) a échangé sur de nombreux sujets ayant trait à l’agriculture :
difficultés d’installation de jeunes paysans non issus du milieu (coût, « concurrence » inégale avec les agriculteurs en place et en mal d’agrandissement … )
perversion du système par les primes.
Stérilisation de centaines d’hectares de terres agricoles par le bitumage et le bétonnage au service de la sainte croissance (ZAC, zones commerciales, infrastructures routières et autres … )
totalitarisme de l’agroindustrie dans les faits (contamination inévitable par les OGM, la mutagenèse, les pesticides …) ou par la législation (normes, puçages des animaux et autres traçabilités)
rôle catastrophique de la grande distribution : casse des prix agricoles, dévoiement consenti du consommateur qui a été habitué à reléguer au Xieme arrière plan le budget destiné à la nourriture …
Bref, un débat foisonnant, pas toujours optimiste mais montrant l’impérieuse nécessité de réapprendre à nous nourrir en soutenant les vrais paysans qui, envers et contre tout tentent de maintenir ou de récréer une agriculture humaine indépendante alors que, dans ce domaine comme partout ailleurs, le système s’efforce d’étouffer toute velléité d’autonomie puisque c’est la dépendance et la soumission qui le font vivre.

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