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« Un homme est mort », de Kris et Davodeau. Futuropolis.

imagLireUn mouvement social, une victime innocente, un cinéaste engagé, un film disparu…revisitant la mémoire sociale pour interroger les consciences, mettre en lumière les pans d’ombre de l’Histoire, la réécrire du point de vue de ceux qui ne sont jamais apparus dans les manuels. Kris et Davodeau ont écarté l’hypothèse de la fiction pour se fixer sur le réel, une véritable aventure humaine. Celle de René Vautier, cinéaste engagé mandaté par la CGT pour tourner un documentaire dans la tourmente des mouvements ouvriers de 1950, avec pour toile de fond le chantier de reconstruction de Brest, cité mise à genoux par la Seconde Guerre mondiale.

Les deux hommes se sont attaché à une reconstitution aussi minutieuse que sensible du parcours de Vautier dans le chantier, prenant pour point de départ la mort d’Edouard Mazé, fauché par une balle en pleine manifestation ouvrière. Ils suivent pas à pas le futur réalisateur le montage effectué avec des bouts de ficelles, la projection renouvelée soir après soir comme un nouvel exploit… Et en toile de fond, omniprésent, le poème de Paul Eluard « Au rendez-vous allemand », « Un homme est mort qui n’avait d’autres défenses que ses bras ouverts à la vie ».rédigé à l’origine en hommage au résistant Gabriel Péri, adapté sur mesure à la mémoire d’Edouard Mazé.

Remontant ainsi le temps, Kris et Davodeau sacrifient à un devoir de mémoire militant. Le film lui-même, dont l’unique copie fut réalisée avec des bouts de ficelle, n’a pas résisté aux multiples représentations nocturnes sur les chantiers de Brest.

Kris et Davodeau s’ouvrent ainsi au témoignage, traduisant la mobilisation, mais aussi le désarroi d’ouvriers réunis face à une machine gigantesque et sans états d’âme, à des policiers qui ont tiré sur ordre à balles réelles.

juillet 2007

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