« Chez nous » : un film de fiction inspiré par l’accession au pouvoir du FN à Hénin-Beaumont
Le 22 février 2017 sortira Chez nous, un film de fiction inspiré par l’accession au pouvoir du FN à Hénin-Beaumont. Ce drame, réalisé par le cinéaste belge Lucas Belvaux et tourné dans le département du Pas-de-Calais, est adapté d’un roman noir de Jérôme Leroy intitulé Le Bloc. Parmi les actrices et acteurs principaux, citons Émilie Dequenne, André Dussollier, Guillaume Gouix, Anne Marivin et Catherine Jacob. Cette dernière joue le rôle de la présidente d’un parti d’extrême droite cherchant à se dédiaboliser, une présidente dont le portrait, le comportement et les propos font penser à Marine Le Pen. Le film raconte comment une jeune mère célibataire (rôle incarné par Émilie Dequenne) est approchée par le Bloc patriotique (un parti xénophobe et nationaliste faisant penser au FN) pour se présenter aux élections municipales dans une ville « imaginaire » dénommée Hénard. Après avoir vu la bande-annonce, Steeve Briois (l’actuel maire FN d’Hénin-Beaumont) a traité le film de « navet » et s’en est pris au physique de l’actrice Catherine Jacob. Quant à Florian Philippot, le vice-président du FN, il a trouvé que la sortie du film était « absolument inadmissible » en raison de sa proximité avec l’élection présidentielle du 23 avril 2017.
Bande-annonce du film :
Extrait de la note d’intention de L. Belvaux publiée dans le dossier de presse du film :
CHEZ NOUS est un film engagé […]. Il n’est pas militant pour autant, il n’expose pas vraiment de thèse. J’ai essayé de décrire une situation, un parti, une nébuleuse, de décortiquer son discours, de comprendre son impact, son efficacité, son pouvoir de séduction. De montrer la désagrégation progressive du surmoi qu’il provoque, libérant une parole jusqu’ici indicible. D’exposer la confusion qu’il entretient, les peurs qu’il suscite, celles qu’il instrumentalise. Le film ne s’adresse pas en priorité, et ne doit pas s’adresser, qu’à des gens mobilisés, très au fait de ce qu’est vraiment l’extrême-droite. Ce qu’il dit, montre, raconte, tout le monde peut le savoir, mais les gens s’informent plus à travers une presse qui favorise le spectaculaire ou l’émotion, que par des média d’analyses et de réflexions. J’ai essayé d’éviter « l’entre-soi », de parler à tous et à chacun, « d’homme à homme » en quelque sorte. De montrer plutôt que de démontrer. De tendre un miroir, non déformant, car, si les miroirs réfléchissent, ils font parfois réfléchir ceux qui s’y voient. Les miroirs nous montrent aussi ce qu’il y a derrière nous, ils nous inscrivent dans un décor, dans le monde, objectivement. Ils nous mettent en perspective et face à nous même. Dans le même temps. Ce film s’adresse d’abord, à ceux qui un jour, demain peut-être, seraient tentés de répondre au chant de ces sirènes. Je ne sais pas si c’est utile. Je suis sûr, en tout cas, que ça vaut la peine d’essayer. […] Lire la note d’intention dans son intégralité
Extrait de l’entretien avec L. Belvaux publié dans le dossier de presse du film :
Votre film se distingue de ce qu’on appelait des « fictions de gauche », qui étaient des dossiers résolument à charge. Vous êtes davantage dans une démarche pour comprendre, notamment ce qui peut susciter l’adhésion à un mouvement d’extrême droite. Mais, avec le cinéma, n’y a-t-il pas un danger d’empathie avec « l’ennemi » ?
Lucas Belvaux : Oui. Mais on a besoin de cette empathie. Il est inhérent à la démarche puisque j’essaie de comprendre comment on en arrive là. Mais empathie ne veut pas dire identification. Je n’ai pas forcément envie que le spectateur s’identifie au personnage. L’idée, c’est d’être avec lui, à côté, d’essayer de se mettre à sa place, de partager son point de vue, pour essayer de comprendre son cheminement. Comprendre une démarche, ce n’est pas la partager. Ce n’est pas l’excuser. C’est une chose à laquelle j’accorde beaucoup d’attention en tant que cinéaste. Je veux que le spectateur soit libre de penser ce qu’il veut. Je pense qu’il y a un cinéma totalitaire, qui impose ses points de vue en instrumentalisant ses personnages, les « bons » comme les « méchants ». Et qu’il y a un cinéma qui raconte les histoires « démocratiquement », où le cinéaste ne cache pas son point de vue, mais laisse assez de liberté au spectateur pour qu’il puisse développer le sien. […] Lire l’entretien dans son intégralité