Articles avec le tag ‘cinéma’

Bande-annonce du film «Article 23»

vendredi 9 novembre 2012

À travers le récit d’une histoire largement inspirée de faits réels, Article 23 – film de Jean-Pierre Delépine qui sortira au cinéma le 12 décembre 2012 – interroge avec acuité la « valeur travail » et le drame du chômage. Avec l’humour du désespoir, il décape au vitriol la brutalité opérée par des cabinets de recrutements et les coulisses de ce métier si lucratif.

> Site officiel du film

> Page Facebook du film

Durée : 00:01:28

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Critique du film « Avoir 20 ans dans les Aurès »

lundi 8 octobre 2012

Rene-Vautier-Avoir-20-ans-dans-les-AuresAvoir 20 ans dans les Aurès, film de René Vautier, reconnu aujourd’hui comme un témoignage historique d’importance sur la Guerre d’Algérie, ressort en salle, 40 ans après son tournage et sa diffusion, en 1972. C’est l’occasion pour Le Combat syndicaliste de diriger son projecteur sur ce film majeur de l’antimilitarisme.

De quoi s’agit-il ? En 1961, un groupe de copains, 20 ans, que l’on imagine aisément pré beatniks, surnommé « le commando des cheveux longs », bretons de surcroît (!), est appelé sous les drapeaux et envoyé en Algérie. Refusant l’imbécillité de l’armée, des ordres et de la guerre, ils sont isolés dans un camp, au milieu du désert, pour éviter que leurs attitudes ne contaminent le reste des troupes. Seulement, en temps de guerre, pas question de laisser de la chair à canon se la couler douce. L’armée envoie donc un lieutenant, vétéran de l’Indochine, prendre en main le groupe.

Emmené sur une zone de conflits, c’est la découverte du « feu », l’emballement. Puis vient l’attente d’une évacuation par hélicoptère, doublée du flottement suscité par l’épisode du Putsch des Généraux, occasion d’un huis clos, de discussions de groupe comme de retours sur soi-même. Puis c’est le rapatriement au camp, le retour à une « certaine civilisation », celle de l’armée, de la hiérarchie, des ordres et de la boucherie.

Il s’agit d’un film psychologique, il s’agit d’un film sur les appelés, il s’agit d’un film sur la dynamique de groupe, au cœur d’un de ses plus puissants révélateurs : la barbarie de la violence.

René Vautier, militant communiste, particulièrement engagé dans les luttes pour la décolonisation (comme bon nombre de militants communistes alors que le parti, lui, après avoir longuement soutenu la colonisation, ne se rangera à cet avis que très tardivement), avait, déjà dans les années 50 et 60, gagné une solide réputation de documentariste de talent et de combat. Films interdits par la censure et condamnation à la prison jalonnent son parcours de cinéaste. Avoir 20 ans dans les Aurès, qui est une fiction, lui vaudra, notamment, d’être reconnu, aujourd’hui, comme l’un des grands réalisateurs français. Ce film a été tourné à la suite d’un impressionnant travail d’enquête comptabilisant pas moins de 800 heures de témoignages de 600 appelés ou rappelés dans l’armée française en Algérie. Ce travail lui permet d’affirmer que « la véracité de chaque scène de ce film peut être certifiée par un minimum de 5 témoins » ou quand la fiction dit et montre avec plus de force la réalité.

Ressortir ce film 40 ans après sa première diffusion et 50 ans après l’indépendance de l’Algérie a un intérêt historique certain, notamment après la fin du service militaire en France en 2001 (bien que l’obligatoire JAPD soit par bien des aspects toujours un endoctrinement militaire, mais c’est une autre histoire). Ce film a également un autre double intérêt : la dynamique de groupe et l’antimilitarisme.

Est-il besoin de s’étendre sur le premier aspect ? Un groupe de militants, un service d’ordre, un syndicat, une section syndicale, tout cela entraîne une dynamique. Ce film nous rappelle à quel point les événements peuvent modifier la vision que nous avons individuellement et en tant que groupe de ce qui nous entoure et des réponses à y apporter. Avoir 20 ans dans les Aurès est donc la narration d’une expérience qui devrait enrichir la réflexion de chacun quant a son propre comportement et au comportement du groupe auquel il adhère. Ce retour sur soi, sur nous, est toujours utile lorsque l’on prétend, notamment au sein de la CNT, construire dès à présent une nouvelle manière de vivre.

Le second aspect est l’antimilitarisme. L’intérêt des personnages de René Vautier est qu’ils ne se revendiquent pas d’une idéologie définie. Ils sont jeunes, ils ne veulent de mal à personne a priori, s’intéressent à la Bretagne et n’ont rien à voir avec l’Algérie. Ils agissent par bon sens et refus de la barbarie et non sous l’égide d’une doctrine. Le personnage Nono est celui qui va résister jusqu’au bout à l’embrigadement et à l’appel de la violence, mais de quoi est faite sa résistance ? Antimilitarisme, pacifisme, désobéissance ? Peut-être d’un peu tout cela. Il y a 17 ans, un des « papis espagnols de la rue des Vignoles », dont je ne citerais pas le nom puisqu’il n’est plus là pour me contredire, m’a livré cette phrase : « Le pacifisme n’a de sens que sous les balles ». Avoir 20 ans dans les Aurès pose la question, appelle à réflexion.

Si ce film est militant, si ce film doit être pour les militants, appelant à nous interroger sur nos pratiques et enrichissant nos réflexions, il est aussi un film tout public. Le ressortir en salles a donc son sens aujourd’hui et s’inscrit dans l’actualité, même si la numérisation et la restauration n’apportent, à mon sens, strictement rien, peut-être même abîmant un peu plus la bande son, les dialogues étant parfois, et malheureusement, peu audibles. À l’heure où un film comme Les Enfants de Belle Ville, d’Asghar Farhadi, réalisé en 2004 et diffusé en 2012, présente l’aberration de la loi du Talion (Iran), il est bon de l’enrichir par le film de Vautier qui met en exergue l’identique doctrine « œil pour œil, dent pour dent ». Comme quoi la barbarie n’est pas que là-bas, elle est aussi ici, en nous. Avoir 20 ans dans les Aurès est également intéressant à rapprocher de Punishment Park (1970, États-Unis) de Peter Watkins, et de la psychologie de groupe qu’il interroge. Le traitement de pellicule et les mêmes dominances de couleur se retrouvent d’ailleurs dans les deux films. Enfin, pour la manière de filmer, la position du réalisateur et les mouvements de caméra, à mi-chemin entre documentaire de terrain et fiction, on se rappellera les films de Raymond Depardon tournés au Tchad dans cette même période et à l’esthétique incroyablement proche.

Saluons le travail de la coopérative DHR pour cette excellente sortie en salle, guettez sur leur site les séances, programmez-le dans vos locaux et espérons une prochaine diffusion DVD.

Texte d’Alexandre Chenet (SIPM-RP)
publié dans Le Combat Syndicaliste d’octobre 2012

Avoir 20 ans dans les Aurès, scénario et réalisation de René Vautier avec, notamment, Alexandre Arcady, Hamid Djellouli, Philippe Léotard, Jacques Cancelier
et Jean-Michel Ribes, 96 min, distribution : DHR.

Et pour rappel, la bande dessinée chroniquée dans Le Combat Syndicaliste fin 2006, autour d’un film disparu de René Vautier, Un homme est mort de Kris et Étienne Davodeau.

Citations :

Général Jacques Pâris de la Bollardière : « Quant aux jeunes du contingent, dont on parle très peu, ils mettront longtemps à se remettre de cette guerre. Il m’arrive tous les jours d’en rencontrer, qui m’avouent avoir gardé un tenace et horrible souvenir de ce qu’on les a contraint de faire. »

Dialogue : « L’Indochine, c’est lui, là-haut, au ciel, qui l’a faite,
mais le 7e jour, au lieu de prendre du repos, il a fait l’Algérie. »

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Avoir 20 ans dans les Aurès (bande-annonce du film)

samedi 6 octobre 2012

« Avoir 20 ans dans les Aurès », film de René Vautier reconnu aujourd’hui comme un témoignage historique d’importance sur la guerre d’Algérie, ressort en salle en ce mois d’octobre 2012, quarante ans après son tournage et sa première diffusion en 1972. Pour en savoir plus, voir le site officiel de la version restaurée du film ainsi que l’article publié dans le « Combat Syndicaliste » d’octobre 2012 (cf. liens ci-dessous).

Synopsis extrait de Wikipédia :
En avril 1961, dans le massif des Aurès, un commando affronte un groupe de l’Armée de libération nationale : il fait un prisonnier algérien. Le soldat français blessé au cours de l’accrochage, instituteur dans le civil, se rappelle les événements qu’il a vécus avec ses camarades au cours des derniers mois : leur opposition à la guerre en Algérie les a conduits dans un camp réservé aux insoumis ; on les a peu à peu transformés en éléments d’un commando dont tous les membres, sauf un, cèdent progressivement à l’escalade de la violence.

Bande-annonce du film :

Durée : 00:02:00

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> Site officiel de la version restaurée du film (entretien avec R. Vautier, histoire du film, projections, etc.)

> Article publié dans le « Combat Syndicaliste » d’octobre 2012

> Site de la coopérative DHR (distributeur du film)

> Article de Wikipédia consacré à René Vautier

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Les Conti gonflés à bloc ! (documentaire de Ph. Clatot)

mardi 25 septembre 2012

Le 27 septembre 2012, l’UL-CNT de Chelles & Marne-la-Vallée, en partenariat avec le cinéma « Le Cosmos » (Chelles), a organisé une projection du film « Les Conti gonflés à bloc ». Cette projection a été suivie d’un débat autour des licenciements en présence d’un syndicaliste de PSA Aulnay. L’occasion de faire ici une petite présentation de ce film…

« Les Conti gonflés à bloc » est un documentaire réalisé en 2011 par Philippe Clatot et produit par « Les filmeurs production » (cf. lien sous la fenêtre vidéo). Il a été financé par une souscription lancée auprès des ex-salariés de l’usine Continental à Clairoix, dans l’Oise, et i lsuit l’aventure des « Conti » qui cherchent à se défendre, depuis les débuts des assemblées générales devant l’usine jusqu’à l’annonce d’indemnisation par Continental, en passant par les réunions du comité de lutte, les assemblées générales, les manifestations, les fêtes de soutien… Une aventure humaine et collective de lutte solidaire. Grand prix 2012 du 3ème festival international « Filmer le travail » de Poitiers, ce documentaire a quelque chose d’original, de neuf. Peut-être parce que les trahisons ont été trop nombreuses, trop grosses, trop insupportables (les patrons, l’État, la justice…). Peut-être parce que les organisations syndicales ont été dépassées. Peut-être parce que les travailleurs en colère ont eu le courage de la transgression.

Extrait du film :

Durée : 00:06:28

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> Pour commander le DVD sur le site « Les filmeurs production »

 

Trois questions à Xavier Mathieu, syndicaliste « Conti »
(extrait de On a faim, bulletin de l’UL-CNT de Chelles & MLV, rentrée 2012)

On a faim (OAF) : Le 30 juin dernier, la mission d’Altedia et de la cellule de reclassement prenait fin. Quel bilan tires-tu de ce suivi privé ?

Xavier Mathieu (XM) : Le bilan est tout simplement catastrophique et purement une escroquerie de la part d’ALTEDIA créé, rappelons-le, par le célèbre Raymond Soubie, conseiller spécial de Sarkozy !! Ce cabinet de reclassement s’était engagé à reclasser 80% des salariés à 80% du salaire minimum. Aujourd’hui, sur 1120 licencié, 600 sont rentrés à Pôle Emploi, d’autres sont en CDD et environ 80 ont créé ou repris un commerce, 20 % ont déposé le bilan. Il y a exactement 250 CDI point !!!! Et pour ce carnage ALTEDIA a touché la modique somme de 6 millions d’euros. Plus de 700 personnes attaquent Continental aux prudhommes pour contester les raisons économiques de leurs licenciements : le rapport d’expertise est consternant, les avocats ont les armes pour pouvoir mettre ces voyous sur le carreau.

OAF : Après la fermeture de l’usine, la lutte ne s’est pas arrêtée. Pourquoi avez-vous, entre autres, occupé le siège régional de Pôle Emploi ?

XM : Trois ans après, on fait encore des AG à plus de 400 personnes et quelques interventions pour montrer que la bête est bien vivante, comme l’envahissement de la direction régional de Pôle Emploi à Amiens. Le directeur ayant voulu faire du zèle lors d’une réunion de travail en affirmant que les Conti allaient arriver à Pôle Emploi et qu’il allait s’occuper particulièrement de nous et de moi personnellement en point d’honneur… Le lendemain, 250 personnes envahissent son bureau. Non seulement il dément courageusement les propos rapportés mais on sort avec la garantie qu’aucune radiation de Conti ne sera envisagée sans en avertir et en avoir discuté avec la commission de suivi !!! Pas de secret si on leur montre pas la force…

OAF : Un dernier mot sur les plans de licenciements annoncés.

XM : Les mois à venir vont être catastrophiques si la classe ouvrière ne montre pas les dents et ne se serre pas les coudes pour rappeler à cette bande de parasites que ce ne sont pas eux qui nous nourrissent mais notre travail et notre sueur et qu’au contraire ce sont nous les travailleurs qui les rendons riches de notre exploitation et de notre travail !!!! Il ne faut strictement rien attendre de Hollande et de sa clique qui trahiront sans hésiter, ni rien des directions syndicales qui comme mon syndicat la CGT est engluée dans des batailles de pouvoir, j’en ai mal à ma CGT dont je suis adhérent depuis plus de 20 ans !!! Il ne faut confier notre peau qu’a nous-mêmes et bien se mettre en tête que c’est la guerre et que notre seule arme c’est notre nombre et notre union, sans ça c’est la mort assurée !!! N’attendons pas qu’ils nous bouffent !! Pétons-leurs les dents avant !!!!! LOL

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Télé-poissons : paroles de manants contre paroles de roi…

lundi 17 septembre 2012

Extrait du film « Monty Python – Sacré Graal ! » écrit et réalisé en 1975 par Terry Gilliam et Terry Jones. Il s’agit ici de la fameuse scène où le roi Arthur croise des paysans anarcho-syndicalistes membres d’une commune autogérée.

Durée : 04:07

Analyse tirée d’un dossier édité en 2008 par le Centre National de la Cinématographie :

La rencontre avec les paysans anarcho-syndicalistes est typiquement pythonesque. Le dialogue s’engage selon une apparente logique, puis dérape et se prolonge indéfiniment dans un inextricable délire baroque. L’effet comique qui en résulte est renforcé par un mécanisme à multiples facettes. Arthur, qui n’a rien de plus important et de plus urgent que de recruter ses chevaliers, perd un temps précieux dans une discussion oiseuse. Sa dignité de roi est mise à mal par le total irrespect de ses interlocuteurs. Les paysans travaillent la terre d’une bien curieuse façon, pétrissant la bouillasse, empilant des mottes sans utilité évidente. Le décalage est partout. Les paysans utilisent un langage anachronique, typique des années 60 et 70, époque des mouvements sociaux particulièrement durs. Les Monty Python se soucient relativement peu de faire passer un message politique. Ce qui les intéresse, c’est l’effet comique qui résulte du décalage créé par le paysan rustre mais qui connaît parfaitement ses droits. Ils s’amusent aussi – au passage – à donner la parole au petit peuple qui ne peut que subir, mais qui se paie le luxe de se moquer des puissants. Il y a un double décalage, voire un triple dans la dramaturgie : dans la fiction ou la diérèse entre le langage paysan savant et son activité sale et ici absurde, puis dans le temps avec ses propos modernes dans un récit moyenâgeux. La réalité dépasse toujours la fiction. Cette scène pourrait préfigurer un célèbre échange rugueux entre un chef d’État et un simple manant lors d’un salon de l’agriculture en 2008…

> Pour en savoir plus sur le film

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