Bande-annonce :
Historique et souscription :
Il y a une dizaine d’années, le documentariste Édouard Mills-Affif réalisait un film de 52 mn intitulé « Au pays des Gueules noires : la fabrique du Front national » (co-production Les films du cyclope, Passerelles, CRRAV, INA et C9 Télévision). Ce film tourné à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) dévoilait les nouvelles méthodes du FN chères à Marine Le Pen. « En 2003 – écrit Édouard Mills-Affif sur le site www.bassinmine.com – j’ai filmé pendant plusieurs mois l’activisme militant d’un jeune conseiller municipal FN, alors inconnu, un certain Steeve Briois, infatigable bateleur, présent sur le terrain sept jours sur sept, 365 jours par an. En quête de notoriété, Steeve Briois et Bruno Bilde, son conseiller de l’ombre, avaient accepté de m’ouvrir les portes de leur laboratoire. J’ai donc pu filmer leurs méthodes, au jour le jour. Sans m’imaginer alors que ces techniques d’implantation et d’enracinement local, serviraient aujourd’hui de référence dans les stages de formation des cadres du FN. La force de ce modèle est d’associer d’un côté le militantisme de terrain, dans la pure tradition du Parti communiste, et de l’autre, les techniques du marketing politique, des plans médias et de la propagande moderne. Un prototype que les frontistes estiment reproductible partout ailleurs en France ».
En 2012, Edouard Mills-Affif est revenu à Hénin-Beaumont à l’occasion des élections législatives. « Je décidai de changer l’axe de ma caméra en me mettant cette fois du côté des résistants au FN » relate-t-il sur le cite susmentionné. « Je voulais rendre visible cet angle mort médiatique, constitué par tous les Héninois anti-frontistes. Cette moitié-là, pourtant encore majoritaire, n’a étrangement jamais voix au chapitre, seuls les anciens électeurs communistes et socialistes, ayant basculé vers le FN, suscitent la curiosité des journalistes. Hénin-Beaumont n’est pas ‘facholand’, ce n’est pas le ‘fief de Marine Le Pen’ qui n’a, pour l’heure, jamais emporté le moindre scrutin local. Dix ans plus tard, Steeve Briois avait pris de l’embonpoint et des allures de notable. Conseiller municipal et régional, il s’est hissé au sommet de l’appareil frontiste. Membre du bureau politique, depuis 2007, propulsé secrétaire général du FN, en 2011, il fait désormais partie de la garde rapprochée de Marine Le Pen ».
En 2014, Edouard Mills-Affif est de nouveau à Hénin-Beaumont, cette fois pour filmer la campagne des municipales. Explication : « Avec pas moins de cinq listes concurrentes à gauche, dont celle de Gérard Dalongeville (l’ancien maire socialiste, condamné, en août 2013, à trois ans de prison ferme pour détournement de fonds publics – cf. note du webmaster *) et une droite quasi inexistante, le candidat du Front national est donné comme le grand favori. Le 30 mars prochain, au soir du second tour, Steeve Briois raflera-t-il ce bastion socialiste depuis 1953 ? ».
Avec ce nouveau documentaire (« Bassin miné »), Edouard Mills-Affif veut poursuivre le travail de décryptage commencé en 2003. « Bassin miné » veut jeter un regard lucide sur 10 ans de percée de l’extrême droite dans le bassin minier « sans complaisance vis-à-vis du Front national, mais également à l’égard des socialistes du Pas-de-Calais, qui ont perdu le nord, et des médias nationaux qui, à Hénin-Beaumont plus qu’ailleurs, se sont laissés prendre dans les filets de la stratégie de ‘dédiabolisation’ du FN ». Un documentaire « pour comprendre les ressorts d’une conquête et dévoiler la face cachée de la bataille de l’image, noyau dur de la stratégie frontiste ».
Pour financer la fin du tournage de « Bassin miné », une souscription a été lancée. A ce jour ont été récoltés plus de 11 000 euros, soit 37% de l’objectif (30 000 euros). Ces dons ont permis de payer les frais (hébergement, essence, repas, régie, location de matériel et indemnité de stage de l’assistante réalisatrice) liés aux tournages réalisés en février. L’équipe de production est également en capacité de financer les prochains tournages (17 jours en mars). Néanmoins, il lui manque encore de quoi payer les salaires d’un ingénieur du son (2 semaines) et d’un monteur (8 semaines) ainsi que la post-production (mixage, étalonnage et finitions). Il reste jusqu’au 30 mars, jour du second tour des municipales, pour atteindre l’objectif. « Vu l’intérêt croissant que suscite le projet et les nombreux soutiens qui lui sont apportés – précise Edouard Mills-Affif sur le site du film – on est très optimistes, mais encore loin du compte ! Votre recommandation auprès de vos réseaux et de vos proches serait un atout formidable. La réussite de ce film dépend en partie de vous, de votre mobilisation, comme de la nôtre ».
CNT Nord Pas-de-Calais
* Un jugement dont il a fait appel (note du webmaster)
Sur le même sujet, voir le livre publié récemment par Haydée Sabéran :
Bienvenue à Hénin-Beaumont, reportage sur un laboratoire du Front national